Les salariés d'Amazon sont inquiets pour leur santé face à la pandémie de coronavirus Covid-19. Certains demandent de pouvoir exercer leur droit de retrait. Nous avons rencontré des employés du site du géant du e-commerce près de Chalon-sur-Saône.
Franck* travaille sur le site d'Amazon à Sevrey, à coté de Chalon-sur-Saône en Saône-et-Loire. Ce mercredi 18 mars, il ne s'est pas présenté au travail. Il estime que les mesures sanitaires prises contre le coronavirus dans l'entrepôt sont insuffisantes. "Au travail, on est amené à se croiser dans les allées, presque à se toucher les épaules. Les allées ne sont pas bien larges", explique-t-il.
Lundi 16 mars, une employée d'Amazon a été testée positive au coronavirus, une autre est mise en quarantaine. Pour Franck*, la contamination est inévitable. "Même s'ils prennent deux personnes par poste pour passer avec des lingettes, nettoyer les chariots, les scannettes etc… Ils passent peut-être trois ou quatre fois dans la journée si on prend toute la journée en compte. Entre temps, des salariés ont pris un chariot, l'ont reposé. Il n'y a pas une personne qui est repassée pour nettoyer le chariot", raconte-t-il.
Amazon emploie près de 500 personnes sur son site installé près de Chalon-sur-Saône. 24 heures sur 24, les équipes se relaient pour préparer les commandes des clients. Mais la présence possible du virus sur les cartons et les équipements manipulés par les salariés inquiète. Les syndicats du géant de la livraison demandent l'arrêt du travail pour tous les sites de France.
Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire était l'invité de France Inter ce 19 mars 2020. À la question : "Le comportement qui consiste à dire 'un jour non travaillé est un jour non payé' est-il normal ?", le ministre a répondu : "Ces pressions sont inacceptables et nous le ferons savoir à Amazon".
Sur la question plus large du droit de retrait dans les entreprises, et pas spécifiquement chez Amazon, il détaille : "Il y a un droit de retrait qui est défini par la loi et qui est clair. Il faut qu'il y ait un danger grave et imminent. C'est le texte de la loi. Tant que les règles de sécurité sanitaire sont garanties au sein de l'entreprise, il n'y a pas de danger grave et imminent. Mais je comprends parfaitement l'inquiétude des salariés qui se rendent sur leur lieu de travail. Je comprends parfaitement et je soutiens leur demande d'avoir des règles qui soient claires et strictes. Ils ont raison. Nous n'arriverons à surmonter cette épidémie et les conséquences économiques qu'elle a que si nous sommes tous capables de dialoguer davantage, de faire preuve de solidarité et de définir des règles strictes, claires et respectées par tous."
"Apparemment la science exprime davantage d'incertitudes sur la durée de vie du virus sur un support non-vivant. Donc on demande à l'employeur de prendre ça en compte, ce qu'il ne veut pas aujourd'hui, indique Yves Appéré, délégué syndical Confédération autonome du travail (CAT) à Amazon Chalon. Les gens sont très inquiets de ça."
Nous demandons la fermeture pure et simple du site pour pouvoir protéger les gens.
– Yves Appéré, délégué syndical CAT
Les mesures sanitaires sont appliquées selon la direction
Selon Amazon, les salariés ne peuvent invoquer le droit de retrait. La direction que nous avons contacté nous indique suivre rigoureusement les mesures sanitaires recommandées par le gouvernement. Elle entend bien poursuivre son activité malgré l'épidémie en cours.La santé et la sécurité de nos employés, partenaires et clients dans le monde entier restent nos priorités absolues. Nous suivons strictement les recommandations et directives du gouvernement et des autorités sanitaires locales pour nous assurer que nous mettons en œuvre les bonnes mesures dans tous nos sites en France.
– Amazon
Une attitude qui scandalise Antoine Delorme, délégué syndical CGT à Amazon Chalon. "On ne fait aucun produit de première nécessité chez Amazon, il n'y a pas lieu d'ouvrir le site Amazon. Tous les syndicats sont unanimes, on demande la fermeture des sites."
Les grandes surfaces font des produits de première nécessité. Nous, ce n'est pas notre cœur de métier.
– Antoine Delorme, délégué syndical CGT
"Aujourd'hui, la seule option qu'Amazon nous propose est d'augmenter les salaires temporairement de deux euros [par heure]. Ce n'est pas parce qu'on fait des produits de première nécessité. C'est simplement pour mettre une carotte financière aux salariés et surfer sur la vague", ajoute le représentant CGT.
Face à la demande provoquée par la crise, Amazon nous indique vouloir privilégier l'accès aux produits de base à ses clients. Une stratégie qui laisse de marbre les syndicats qui envisagent des actions pour les jours prochains.
* Le prénom a été changé à la demande de l'intéressé